Retour

Idris Célia

Mémoires

 


Tapis à l’ombre dans les tranchées

Il s’avança doucement, baïonnette à la main,

Il attendait ce signal,

Le signal de son caporal,

De quitter sa tranchée

Lancer un obus dans le pré.

Se positionna prêt à tirer,

Un bruit sourd, l’ennemi tombe à terre

Un champ de coquelicots.

Ces coquelicots rouges sang,

Comme la passion, la colère et les remords,

Que ressentit le soldat à ce moment.

Il enlaça l’ennemi, s’excusant sur son tort,

Pour déserter la plaine jusqu’à la mort …

Son nom était Christoph

 

Tapis à l’ombre des peupliers,

Un autre soldat attendait,

Il était blond aux yeux bleus.

Durant toute son enfance aux Jeunesses hitlériennes,

C’était un parfait aryen,

Un vrai petit ange,

Mais son reflet dans le miroir était celui d’un démon.

Son combat l’avait déshumanisé,

Sur son bras, le brassard de la croix gammée,

Sa naïveté l’avait usé, il était au bord du gouffre.

Une lueur sur les yeux le ramena à la réalité,

Démon dans une ville en ruine sous les bombes.

Il était debout, grenade à la main

Lui, l’Aryen

Devant une famille de Juifs innocents

Des "moins que rien",

Ces gens persécutés pour leur religion

Ces gens à l’étoile jaune,

Ces hommes, ces femmes et ces enfants.

Sans pitié, il lâcha sa grenade et s’effondra.

Hors d’haleine, il traversa Varsovie

À travers les ruines des immeubles et les murs du ghetto,

Il exprima sa colère et frappa dans la pierre,

Arrachant soudain son brassard rouge carmin

Le disque blanc et la croix gammée,

Il y mit le feu ...

 Son nom était Albrecht

 

Debout parmi les voyageurs,

Un homme marche dans un aéroport.

Tranquillement il pousse son chariot,

Il sait que sa vie va finir,

Il prie en silence,

Avant de proclamer tout fort,

"Allah Akbar" …

… Que de morts !

 Nombreux ceux qui ont fini comme Lui

 

Pour tous ceux qui ont souffert, pour tous ceux qui sont morts,

Célèbres ou anonymes …

Ici ou ailleurs,

Hier ou aujourd’hui,

Tout comme Christoph, Albrecht et Lui

… Victimes des idéologies destructrices.

 

Pour nous qui sommes encore ici ou ailleurs,

Aujourd’hui et demain,

Trouvons la force de nous soulever,

Pour ne pas être emprisonnés

Et privés de notre liberté.
 

 

 




Envoyé: 14:28 Sat, 18 March 2017 par: Idris Célia