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Emma Betry

Meurte au manoir- chapitre 5


Le commissaire

Le lendemain, Alexia et moi avions décidé d’inspecter la chambre d’Ophélie après le petit déjeuner.
La chambre comportait une petite armoire pleine d’habits de couleur vive et un lit dont la couette était toute défaite. Un bureau en mauvais état et sa chaise noire étaient à côté de la minuscule fenêtre.
J’observais l’armoire quand soudain Alexia s’écria :
-    Emilia, regarde !
Elle me montra des traces de sang près du bureau. Les traces continuaient jusque sous le lit, ce qui voulait dire qu’Ophélie avait été tuée à côté du bureau, puis cachée sous le lit où elle avait été trouvée.
Je m’approchais du bureau et je vis des morceaux de papier déchirés par terre. Sur l’un des morceaux il y avait écrit :
Je vai le faire chanté, car je les  vu tué le compte 
Il voulaiens ce vengé du compte, car il avait dit à Audrey qu’i
Les autres morceaux étaient illisibles.
-    Voilà pourquoi elle a réagi bizarrement hier après-midi. Elle a préféré le faire chanter, plutôt que de nous le dire. Elle devait vraiment être à court d’argent.
Je répondis à Alexia :
-    Il y a plus rien d’intéressant ici. Je pense qu’on devrait interroger Sonia à propos de l’ex-mari d’Audrey pour essayer de comprendre sa réaction d’hier.
-    Oui, allons-y.
Nous allâmes frapper à la porte de la chambre de Sonia qui nous fit entrer. Je lui demandai :
-    Sonia, pourquoi as-tu dit hier soir qu’Audrey mentait à propos de son mari ?
-    Parce que c’est vrai. Mais elle a trop honte pour l’avouer.
-    Quoi donc ? Sonia, nous avons une piste, enfin une petite piste. Peut-être que cela n’a rien avoir avec l’affaire, mais connaître son secret pourrait nous servir à avancer.
-    Bon d’accord. Il y a quelques années, Audrey était mariée à Robert, un jeune coiffeur. Un jour, mon père a découvert des preuves qui accusaient  Robert d’être en réalité un voleur. Il l’a raconté à Audrey qui a divorcé sur le champ. Robert s’est échappé avant l’arrivée de la police.
-    Peut-être que c’est lui qui a tué le comte. Il est probablement parmi nous.
-    Pourtant, après tant d’années cela me semble toujours bizarre que Robert soit un voleur. Il était très gentil et j’étais triste qu’Audrey et lui ne viennent pas souvent nous voir. Robert était là lorsque papa a dit à Audrey que son mari était un voleur. Robert a affirmé que cela n’était pas vrai, mais elle n’a pas voulu le croire.
-    C’est normal, la plupart des criminels nient le fait qu’ils sont coupables lors de leur arrestation ou quand on les accuse. 
À cet instant quelqu’un frappa à la porte. Zoey entra et s’excusa :
-    Désolée, mais aujourd’hui nous déjeunons plus tôt, car le commissaire vient ensuite.
Je m’exclamai :
-    C’est étrange ! Pourquoi le commissaire viendrait-il  ici ?
Sonia répondit :
-    D’accord Zoey, nous descendons.
Lorsque nous entrâmes dans la salle à manger une forte odeur de cassoulet nous monta au nez. Nous mangeâmes rapidement.
Vers 13h, le commissaire entra dans le salon, vêtu d’un costume rouge très voyant. C’était un homme énorme et mou. Il portait une barbe brune et des cheveux en bataille. 
Il se présenta et expliqua à la comtesse :
-    Bonjour Madame la comtesse, je suis le commissaire Charlanti. Un inconnu nous a appelés ce matin pour nous dire que quelqu’un a découvert le meurtrier de Monsieur le comte et que le coupable serait Killian Roverdose.
Killian s’est écrié :
-    Mais ce n’est pas moi ! Comment pouvez-vous insinuer ceci.
-    Vous vous êtes intéressé au couteau qui a servi d’arme du crime. Où étiez-vous hier après-midi vers 18h00 ?
-    Hier après-midi, j’étais dans ma chambre…
Je l’interrompis :
-    Faux, hier après-midi, vous n’étiez pas dans votre chambre. Mais je ne vous crois pas coupable. Commissaire, si Killian était coupable, il n’utiliserait pas le couteau auquel il s’est intéressé. Killian, venez avec Alexia et moi dans la bibliothèque pour nous dire où vous étiez hier.
Il nous accompagna dans la pièce et nous expliqua :
-    C’est bientôt l’anniversaire de Lisa, ma femme. Je suis donc allé en cachette en ville pour lui trouver un cadeau. Mais je ne veux pas qu’elle le sache.
-    Je comprends, mais faites vraiment attention. Le coupable essaye de vous faire accuser à sa place. 
Le meurtre
Aux premières lueurs du jour, un cri perçant retentit dans le manoir, déchirant le calme.
Vite j’enfilai une robe de chambre violette et dévalai les marches à toute vitesse pour arriver à la cuisine d’où le cri semblait provenir. Là, je vis la baie vitrée grande ouverte et tout le monde se ruait dehors. Le jardinier courut à notre rencontre. Celui-ci était un homme d’environ 35 ans avec une barbe et des cheveux poivre et sel, ce qui était étrange pour son âge. Il nous fit signe de nous approcher.
Derrière un bosquet, le comte était allongé dans l’herbe, un couteau de cuisine enfoncé dans le cœur. A cette vue, la comtesse qui nous avait rejoints, s’évanouit. Sonia la rattrapa avant que sa tête ne heurte une pierre. La gardant contre elle, elle se mit à pleurer en voyant son père sans vie. 
Mathieu, gardant son sang-froid, éloigna tous les invités et le personnel du manoir de la scène du crime. Il demanda à Audrey de les raccompagner au salon et d’appeler immédiatement la police et un médecin légiste car après un tel coup de couteau, il était impossible que notre hôte soit encore en vie. Mathieu avait 28 ans et était plutôt grand avec des yeux verts profonds et des bras musclés qui montraient qu’il pratiquait énormément de sport. Il était pilote d’avion et savait rester calme pendant des situations critiques.
Pendant que Mathieu restait à côté du comte, Audrey donna un petit verre de brandy à la comtesse pour lui faire reprendre ses esprits. Je me chargeai de prévenir les autorités :
-    Bonjour, je m’appelle Emilia Pontet. Je suis actuellement en visite au manoir des Ronden. Une chose affreuse s’est produite. Nous venons de découvrir le comte Ronden mort poignardé. 
-    Oh, mon dieu, notre maire ! Je vous envoie l’inspecteur Cactuos et le médecin légiste, monsieur Follet. Ils arriveront dans une demi-heure.
J’annonçai l’arrivée imminente de la police et demandai à ce que tout le monde déjeune et passe une tenue plus décente. En effet, nous étions tous descendus dans le parc en pyjama. Les employés de maison apportèrent rapidement le petit déjeuner constitué d’œufs brouillés et de bacon. Le repas avait l’air appétissant mais personne n’avait réellement faim. Chacun remonta dans sa chambre pour faire un brin de toilette et se changer.
La sonnette retentit alors que je descendais l’escalier. Le majordome fit entrer l’inspecteur Cactuos et monsieur Follet dans le hall. L’inspecteur était très grand et mince. Il portait une longue moustache noire et des cheveux courts de la même couleur. Sa chemise à carreaux rouges et à manches longues ne s’accordait pas avec son pantalon violet trop large. On n’aurait jamais cru qu’il était un inspecteur de police réputé.
Monsieur Follet, quand à lui, était assez petit et portait un costume très élégant.
Je me présentai :
-    Je suis la personne qui vous a appelés. La comtesse ne peut pas vous accueillir car elle est sous le choc.
Le médecin légiste répondit :
-    Emmenez-nous, s’il vous plaît, sur le lieu du crime afin que je puisse examiner la victime.
Je les accompagnai dans le parc où Mathieu nous attendait. 
L’inspecteur s’adressa à lui :
-    Pouvons-nous savoir qui vous êtes, je vous prie ?
-     Je suis Mathieu Votrine, un invité de feu le comte. J’ai veillé à ce que personne ne touche à sa dépouille. 
Monsieur Follet intervint et dit :
-    Merci, vous avez bien fait. Veuillez maintenant vous écarter pour que je puisse examiner le corps de la victime et déterminer l’heure et la cause de sa mort.
Il s’agenouilla près du comte et étudia la plaie avec soin. Il avait mis des gants avant de commencer son examen. Il enleva ensuite le poignard et le mit dans un sac plastique qu’il tendit à l’inspecteur Cactuos.
Celui-ci me demanda :
-    Pourriez-vous rassembler tout le monde dans le salon ? Je vais commencer les interrogatoires pour faire éclater la vérité. Je vais vous interroger chacun votre tour dans un endroit calme et nous allons commencer par vous.
J’approuvai cette idée et ajoutai :
-    Bien inspecteur. Nous pourrions nous installer dans la bibliothèque. Elle a une porte communicante sur le salon.
Je rentrai dans la maison par la cuisine et Mathieu me suivit. Lonia, la cuisinière, était assise sur une chaise et astiquait les couverts, tout en surveillant la cuisson des lasagnes.
Je lui dis :
-    Lonia, pouvez-vous réunir tous les domestiques dans le salon d’ici cinq minutes ? L’inspecteur voudrait nous parler.
J’allai ensuite dans le salon et constatai que tous étaient présents sauf la maîtresse de maison et ses deux plus jeunes filles. Je demandai à Audrey, qui buvait un verre de lait, d’appeler la comtesse. Sonia répliqua :
-    Audrey, ne te dérange pas, je vais chercher Maman et appeler Zoey et France. 
Cinq minutes plus tard, l’inspecteur fit une entrée fracassante dans le salon, car il avait trébuché sur le tapis. Après s’être remis de sa chute, il expliqua :
-    Je vais vous interroger les uns après les autres dans la bibliothèque. Veuillez tous rester dans le salon. En attendant votre tour, réfléchissez à ce qu’il s’est passé depuis hier. Emilia, venez avec moi.
Je le suivis dans la bibliothèque et il me fit assoir sur un fauteuil vert en face du sien. Il me questionna :
-    Connaissez-vous le comte depuis longtemps ?
-    Je l’ai rencontré il y a un an alors qu’il était venu rendre visite à Alexia dans notre appartement commun à Paris. Plus tard, j’ai fait la connaissance de la comtesse et de leurs filles lors d’un barbecue organisé par des amis communs.
-    Humm, intéressant… Qu’avez-vous fait hier soir ?
-    Après le diner, j’ai lu ici même et tout le monde est allé se coucher vers minuit.
-     Quand avez-vous vu le comte pour la dernière fois ?
-    Juste après le diner, il jouait aux fléchettes dans le salon. Je ne l’ai pas revu ensuite. 
A cet instant, Monsieur Follet entra dans la pièce et dit :
-    Inspecteur, j’estime que le comte est mort entre 23 heures 30 et deux heures du matin. Il a été poignardé par un droitier. Le coupable s’est tenu derrière lui et lui a enfoncé le couteau dans le cœur par la droite. Cela n’a pas demandé beaucoup de force, donc il pourrait s’agir d’un homme ou d’une femme, ou même d’un adolescent. Ce n’est là que ma première analyse, je vous contacterai si je découvre quelque chose de nouveau après un examen plus détaillé. Je fais emmener le corps à la morgue.
-    Êtes-vous sûr qu’il est bel et bien mort ?
-    Mais bien sûr ! J’ai mieux à faire que de perdre mon temps avec un incompétent. 
Il sortit en claquant la porte. Je me demandai alors si l’inspecteur avait une chance de découvrir le coupable. J’avais comme l’impression que pour l’inspecteur le suspect numéro un était le médecin légiste lui-même. Il me remercia et me pria de sortir et d’appeler la comtesse.

 




Envoyé: 09:29 Tue, 24 March 2015 par: Emma Betry