Finlay Driscoll
« Chers citoyens du Monde, j’ai de graves nouvelles à vous annoncer. Malgré les efforts de nos plus grands scientifiques et professeurs autour du globe, la question de l’Alpha et l’Oméga reste incomprise. Les manifestations se propagent dans tout le Pays Uni. Je suis conscient de votre avidité de savoir la raison de notre existence… Or, ceci n’est pas la solution. Dans les moments les plus obscurs et les plus isolés, la foi nous réunit et nous éclaircit le chemin, affirmait le philosophe Erytron. La croyance nous rassemble, non pas la physique. Ouvrons nos yeux, toute la modernité et la technologie qui nous entoure nous fait défaut, elles ne peuvent pas nous fournir une réponse, la réponse... Alors que l’explication était dans tout un chacun depuis le début, nous avons essayé de baser notre existence sur les chiffres et les lois de la Nature. Et tout un chacun s’est familiarisé avec le mythe de l’Ecrivain. Mais seulement une faible minorité a pu voir la réalité qui se cache dans ce mythe, ou plutôt dans ce récit historique (Cris de protestations). Ecoutez, je n’affirme pas que mes propos vont être facile à saisir, loin de là. Pourtant, jusqu’à ce jour, aucun homme savant (d’un ton sarcastique) n’a pu démontrer que la possibilité d’un Ecrivain est à exclure. N’est-ce pas ? (Silence absolu). L’Assemblé a jugé nécessaire de prendre la situation en main et de trancher le débat. Oui, Il existe et oui nous sommes le résultat de Ses propres pensées. Nous Lui devons notre existence… Chers citoyens du Monde, c’est aujourd’hui que moi, Murray Adonis, au nom de l’Assemblée Mondiale et au nom du Pays Uni, déclare la réponse à la question universelle de l’Alpha et l’Oméga d’être celle de l’Ecrivain et aucune autre et que toute recherche associée à ce sujet est dorénavant un crime contre L’Unification ainsi que… »
D’un geste furieux qui a failli briser la télécommande en deux, Finlay éteint la télévision. Il agit souvent de manière impulsive, un trait de caractère assez inhabituel pour un scientifique. D’un pas fragile, il se précipite vers le balcon, passant par son bureau d’études, une pièce bien organisée malgré les innombrables dossiers étalés sur le sol. Son euphorie de ce matin s’est volatilisée. Et dire que j’ai failli changer le monde… Lorsqu’il allume sa cigarette sous le tapis noir sans étoiles, il observe le calme régnant dans son balcon, dans sa ruelle, dans Vetyr, sa ville natale, dans le Pays Uni. Il sait qu’il ne faut guère être perspicace pour savoir que ce silence apaisant ne durera plus jusqu’à l’aube. La Guerre est déclarée.