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Keller Guillaume

L’écrivain et le corbeau

 


Il se faisait déjà tard quand sa plume se remit enfin à crisser. Dans la clarté de la nuit, après avoir vu le soleil se coucher sur l’horizon, il coucha ses mots sur le papier. Des heures durant, tout n’était qu’encre coulante et feuilles froissées, la pièce baignée dans la senteur si familière du cuir fraîchement relié. Chaque lettre apposée sur son manuscrit parcheminé arrachait une grimace au Temps, une sourire curieux à la Mort. Chaque lettre attachée à son œuvre le détachait de la réalité. Son âme enfermée dans les mots, tourbillons vertigineux de pensées. C’est alors qu’il le remarqua. Un subtil battement d’ailes noires d’ébènes attira son attention. Au coin de son bureau se tenait un corbeau, regard rubis, sombre ramage. Il semblait vouloir lui dire tant de choses. L’écrivain ferma les yeux, et quand il les rouvrit, seul se retrouva l’écrivain. Cette nuit, il n’écrit plus, et ses mots se firent neige d’avril.

 




Envoyé: 15:22 Fri, 1 February 2019 par: Keller Guillaume