On attend, on demeure dans notre petit coin, notre bulle. On doute de tout. On craint de parler. On voudrait dire tellement de choses, mais on préfère nous taire. On pense trop et on attend trop. On prétend trop et on n'en fait jamais assez.
L'horloge tourne, le temps presse et nous, timorés, on ne fait qu'observer l'instant présent.
L'instant nous détruit. Le temps perdu détruit, il dévore notre âme petit à petit. Il distille son venin et nous fait saigner de l'intérieur.
Mais on ne vit pas chaque heure, de chaque jour, comme si c'était la dernière. Ce serait épuisant.
La vie doit suivre son cours, d'ailleurs, la mort aussi.
Pourtant, on se repente d'avoir pensé qu'on aurait du temps.
Du temps pour dire 'au revoir'.
Du temps pour dire 'je t'aime'.
Du temps pour faire ce qu'on a toujours voulu faire.
Mais le temps n'a pas de règles, le temps passe et tic tac tic tac tic tac....
Les choses changent, elles fluctuent sans cesse, sans pitié. Elles nous maltraitent et nous entubent, nous aussi. Nous existons sous de millions de formes, dans differents lieux pour qu'il ne reste que le souvenir.
Le souvenir d'une vie, la vraie vie. La vie qui n'est rien qu'une succession de moments de grâce juvénile.
Sans temps, sans vie. Sans vie, sans souvenirs. Sans souvenirs, sans ambition et sans ambition, sans temps.
Le temps court plus vite qu'on ne le croit.
Le moment parfait de nous faire courir est ici et maintenant. Et lorsqu'on n'a plus ici et maintenant, on se surprend d'avoir tout perdu.