11 avril 2017, Abidjan
8 heures
J'ouvre mes volets.
Je vois mon jardin, avec de belles fleurs et des palmiers.
J'entends les oiseaux chanter et le soleil briller.
Je crie le nom de mon chien « Milou !» pour qu'il sache que je suis réveillé.
Maintenant, je rejoins le salon pour mon petit déjeuner. La bonne a préparé mon petit déjeuner... et aussi celui de mon chien.
Un an plus tard…
11 avril 2018, Esch-sur-Alzette
8 heures
Je partage ma chambre avec une personne. Elle n'est pas très propre. Mais je fais avec car je me dis que je n’ai pas le choix.
Parfois, je me réveille plus tôt, quand mon voisin met de la musique ou qu'il reçoit un appel.
Je vais directement prendre mon petit déjeuner et aller à l'école.
Je pense simplement que je suis là, et ce n'est pas mon choix.
C'est étrange, non ?
Vous allez voir la suite….
11 avril 2017, Abidjan
9 heures
Mon chauffeur vient me chercher pour mon entraînement de foot de 10h.
Il m'attendra jusqu’à midi pour me déposer à la maison.
Je ferai sans doute la sieste.
Un an plus tard
11 avril 2018, Esch-sur-Alzette
9 heures
J'attends le bus.
Puis je vais prendre le train pour l'école qui commencera à 11 heures.
Je vais à la cantine, puis je me remets en route pour le foyer. Le train, puis le bus.
Ce n'est pas fini.
11 avril 2017, Abidjan
14 heures
Je me rends dans mon magasin de vêtements ou j'ai deux employés qui vendent des marchandises venant d’Italie, de Turquie, de Chine, et parfois de Paris. Je reste jusqu’à 17 heures pour faire les comptes, savoir s’ils ont bien vendu, combien j'ai eu de bénéfices, sans oublier de vérifier les vêtements qui manquent pour passer ma commande.
11 avril 2018, Esch-sur-Alzette
14h
Je vais en ville pour me balader avec mes amis.
Je passe devant des magasins de vêtements, que j’aime tant.
Je les regarde simplement, je n'ai pas d'argent pour les acheter.
Beaucoup de gens doivent se demander : « Pourquoi, d’une vie luxueuse en Côté d’Ivoire, ce mec se retrouve ici avec une vie plus difficile ? »
Je vous l’explique…
Mon père était le chauffeur du Président de mon pays. Suite à un coup d’Etat, le pouvoir a changé de camp, et malheureusement en Afrique, quand il y a un coup d’Etat, l’ex-président devient l’ennemi. C’est comme ça que ma famille et moi nous sommes devenus également les ennemis du pouvoir actuel.
C’était le 20 mai 2017, si j’ai bonne mémoire, ma famille et moi avons reçu la visite de 6 personnes armées en civil, pendant que nous étions en train de dîner, aux environs de 20h. Nous avons été tabassés, frappés par ces hommes. Mon grand frère est décédé ce soir-là sous leurs coups. J’ai eu plus de chance, j’ai pu m’échapper… et voilà comment je suis arrivé au Luxembourg.
Pour moi, le monde n’est pas juste, les gens ne sont pas égaux.