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Bernier Nina


Sur la ville

Ne prétends pas

 

Que le ciel là-haut

S'égaiera

Que sa peine sous sceau

S'atténuera

 

Il pleut toujours sur la ville

 

Ne prétends pas

 

Que tout nuage sera

Transitoire

Qu’assez tôt il oubliera

Ses déboires

 

Il pleut toujours sur la ville

 

Ne prétends pas 

 

Que le voile d'ennuis

Se lèvera

Que la terre affranchie

Fleurira

 

Il pleut toujours sur la ville

 

J’ai attendu

 

Quand les cymbales des ondes

S'entrechoquaient

Quand le tympan du monde 

Vacillait

 

J’ai attendu

 

Quand la morne grisaille

Vagabondait

Quand les hautes murailles

S’alanguissaient

 

J’ai attendu

 

Quand l’éclat des pavés

S'estompait

Quand les vitres délavées

Soupiraient

 

J’ai attendu 

En vain

Et la ville ruisselait

Dans sa pâleur mise à nu 

Et la ville suintait

D'eaux mal contenues

Et la ville résonnait

De litanies inconnues

Et la ville se dressait

Lugubre, sombre, désabusée

 

Et j’attendais

 

Le savais-tu 

 

Je suspendais

L’anse de mes espoirs

Au souffle filigrane 

Aux vérités diaphanes

Que tu répandais

Du matin au soir 

 

? 

 

Ne répète plus

Ces paroles parjures

Que le temps et l’usure 

Défigurent

 

Je t’en prie, abrège

Tes mots se greffent en moi

Et déjà se désagrègent

Sous tes doigts

 

Ne répète plus, je t’en prie

Je suis lasse d’entendre

Ne répète plus, je t’en prie

J’ai cessé d’attendre

 

Il pleuvait toujours sur la ville

Il pleut toujours sur la ville

 

Je suis sortie

La ville m’a happée

Et je me suis drapée

Dans sa mélancolie

 

Et le monde s’ébrouait

Ses mèches folles valsaient 

Et le monde pourfendait

Ses peines désavouées

 

Et j’ai appris 

A danser sous la pluie 


 




Envoyé: 14:59 Sat, 23 March 2024 by : Bernier Nina age : 19