Atgal

Herrera Peña Daribel


Marianne, la fleuriste...

Marianne, la fleuriste... 

Marguerites, tulipes, tournesols, lilas et bien d'autres encore; tant à choisir et me voici dans la fleuristerie attendant avec impatience ton arrivée. Me dirais-tu que je suis excessive si tu me voyais? Mais que devrais-je être, si seule ta présence me rend folle? 

Ne crois pas que je suis quelconque, car je suis seulement la fleuriste qui prépare des cadeaux affectueux pour les autres; mon client le plus fidèle, c'est toi. Tu viens et tu repars sans dire un mot. Tu souris juste de toutes tes dents et tu parles avec une fluidité charmante, comme les vagues de la mer. Et chaque fois que je sens la brise fraîche en cueillant des fleurs, je pense à toi. Cher client aimé, tu es beaucoup mais en même temps tu n'es rien à moi. Quelle sensation étrange!

Pardonne mon absence, je sais que nous ne pourrons plus nous voir. Toi et moi, unis par les fleurs et séparés par rien. Tu me verras sûrement comme une étrange, comme un inconnu mal à l'aise. Ne me comprends pas mal! Je veux juste t'exprimer et te transmettre la raison pour laquelle tu ne me verras plus, mon cher client.

 

Des pétales tombent d'une même fleur.

Difficile à distinguer, sont-ils. 

Mêmes couleurs, mêmes formes, mais jamais égaux. 

Uniques et variables avec des intérieurs différents. 

Quelque chose d'incompréhensible pour l'œil de l'ignorance.

 

Un des pétales veut être comme les autres. 

Un autre rêve de voler avec la brise d'automne.

Et le dernier s'imagine dans les œuvres de théâtre en France.

Ce qu'indigne l'œil qui exclamait:

les pétales doivent se comporter comme des pétales!

 

Démotivés par l'œil, un par un, les pétales sont détériorés.

Un des pétales reste comme il est.

L'autre s'est flétri de malheur.

Et le dernier s'isole de honte. 

 

Et maintenant que tu me connais, que penses-tu de moi? Cette vieille est quelque chose de spécial, n'est-ce pas? Haha. 

Ça fait longtemps que je n'ai pas parlé à quelqu'un après des années. Je te remercie d'être le premier et le dernier. Dommage que cette vieille femme, que je suis, avec mes fleurs, n'ait pas pu profiter de ce plaisir de voir le monde différemment comme tu nous l'as enseigné, cher jeune client.

Moi et mes fleurs te remercions sincèrement. Et même si je ne suis plus là, prends soin des fleurs les plus jeunes qui, comme toi, sont une lumière curieuse et euphorique qui tourne autour du monde. Bonne chance avec tout mon cœur.

Marianne, la fleuriste xxx




Pateikta: 18:07 Sun, 3 March 2024 by : Herrera Peña Daribel age : 16