Qui suis-je ?

Qui suis-je ? 

Je pense m’être perdue. A force d’accumuler tant de savoir et d’informations, à travers mon éducation et mes expériences, je flotte dans ces multitudes d’idées préconçues. Et je ne sais plus qui je suis. Par contre, je sais qui j’aimerais être. Certaines fois c’est l’héroïne courageuse dans un livre d’aventures, d’autres je voudrais être ce personnage mystérieux aux multiples secrets qui trompe tout le monde dans un film intrigant. Finalement, je ne me retrouve plus. Je ne sais pas si mes rêves m’appartiennent ou si je les ai volés à quelque personnalité intéressante. Mes ambitions, me sont-elles vraiment propres, ou sont-elles celles que la société m’a apprises à avoir, en me les déposant sur un plateau ? J’adore lire et regarder des films, parce qu'on peut s’y oublier et apprendre à être quelqu’un d’autre. Je trouve ça tellement excitant. C’est comme mener une double vie l’espace d’un instant. Jusqu’au point où le livre se termine, ou le générique de fin défile sous nos yeux. C’est le moment où on est censé replonger dans la réalité, reprendre possession de nous-même. Et on en est incapable. J’adore la fiction parce qu’elle nous fait rêver, mais je commence à la percevoir d’un autre point de vue. Et si le but des œuvres fictives et de la culture n’est pas de nous éduquer et de nourrir notre créativité mais de nous cacher notre vraie nature, l’essence même de notre existence et de notre fonctionnement. Et si les films étaient des catalogues remplis de personnages dont les vies sont bien écrites à l’avance, dans le but de nous les présenter pour nous contrôler, d’enterrer nos instincts sous une double couche d’exemples modelés à suivre ? C’est si simple, si l’on n’a qu'à suivre une figure dont la fin a déjà été prédite, alors pourquoi se servirait-on de son libre arbitre ? Pourquoi continuer à croire qu’on a le choix de construire notre vie, alors que l’identification d'une personne nous propose déjà un avenir tout tracé ? Et ça les arrange, les adultes, qu’on ne soit pas imprévisibles, qu’on soit bien faciles à dompter. Personne n’aime le chaos, l’indépendance d’esprit d’autrui, car c’est synonyme de perte de contrôle. Alors ils ont inventé des histoires, des légendes et des mythes pour bercer déjà les nouveau-nées. Ils ont créé une dimension fictionnelle à notre disposition, seulement pour éviter l'ennui et donc un tête-à-tête avec nos pensées. Et voilà comment la société a réglé la question du chaos, de l’indépendance d'esprit lié à l’incapacité à se faire influencer et dompter. 

Si je grandis avec ces idées implantées depuis toujours, si je ne connais pas autre chose que ce qu’on m’a appris à connaître, alors je suis contrôlée. Car même si je me mets à réfléchir, je le ferai selon les lois et bornes de ma réalité. C'est-à-dire que si je ne connais pas l’inconnu, je ne peux pas en rêver. Ce que je pense être l’inconnu n’est qu’une image qu’on m’a apprise à associer à ce substantif. Je ne peux imaginer ou désirer quelque chose dont j'ignore l'existence. 

 

Voilà, j’en suis arrivée au point où je questionne toute mon existence. Car est-ce-que je veux vraiment cette vie idéale dont je rêve, ou est-ce-que j’en rêve seulement parce que je ne sais pas de quoi rêver d’autre. Et j’insiste : on ne peut rêver de ce dont on n’est pas conscient. Je suis perdue, ou plutôt, j’ai toujours été perdue sans en être consciente. Finalement, qui sommes-nous réellement et qui suis-je ?  



news created by Mathilde Sattler : 13.12.2021